Sucre : remettre les producteurs-ices au centre de la filière

Mme Pho Koeun,, productrice de sucre de palme au Cambodge

Dans le café, les yaourts, en pâtisserie : le sucre est aujourd’hui un produit de grande consommation utilisé au quotidien et omniprésent dans bon nombre de nos aliments. En France, la consommation s’élève à 70 kilos par seconde.

Pilier du commerce triangulaire entre le XVe et le XIXe siècle, il est difficile de parler du sucre sans revenir rapidement sur son histoire. À l’instar du café et du cacao, les plantations de cannes à sucre reposaient en effet sur l’exploitation d’esclaves, qui permettait de le commercialiser à bas coûts. Au XIXe siècle, pour parer à l’incapacité d’importer du sucre des Antilles à cause du blocus anglais, le sucre de betterave se développe en France sous l’impulsion de Napoléon.

À l’heure actuelle, 80 % de la production provient toujours des pays du Sud et reste sous le monopole d’une petite poignée de multinationales qui contrôlent les 2/3 du marché. Cette concentration d’acteurs rend le prix du sucre très fluctuant, au détriment des petits producteurs-ices.

Pourquoi acheter du sucre du bout du monde quand on peut en produire ici ?

Non, faire venir des aliments de l’autre bout de la planète n’est pas toujours un non-sens écologique. Bien qu’il existe une filière de sucre de betterave en France, les conditions de production sont généralement peu vertueuses (utilisation de pesticides, production mécanisée, impact important sur la santé des sols, etc.) Au Sud, les petites exploitations de sucre de canne ou de palmiers, comme celles que soutient AVSF à Madagascar et au Cambodge, ont une empreinte environnementale moindre. En effet, elles nécessitent très peu de mécanisation et reposent sur des savoir-faire traditionnels et des pratiques agroécologiques. De plus, les produits sont exclusivement exportés par bateau.

En soutenant le développement équitable et durable de cette filière, AVSF défend les droits des paysans et paysannes, contribue à améliorer leurs conditions de vie et permet de maintenir des savoir-faire traditionnels ancrés dans les territoires et la culture de ces pays.

Quel avenir pour la filière sucre de palmier au Cambodge ?

Le paysage cambodgien est peuplé de palmiers à sucre, « Tnoat » en Khmer, dont dépendent plus de 20 000 familles, comme Mme Pho Koeun, son mari, M. Chhin Chhorn et leurs enfants. De janvier à mai, ils gèrent ensemble la collecte du jus de palme de 23 palmiers, avec des journées de travail pouvant aller de 3h à 22h, dans des conditions pénibles et dangereuses qui impactent leur santé. Le jus de palme est une activité de contre-saison complémentaire à la culture du riz et a donc une place importante dans l’économie paysanne. Aussi, le sucre de palmier bénéficie d’une réelle reconnaissance : il s’agit du deuxième produit à posséder une indication géographique protégée au Cambodge. Pourtant la mauvaise rémunération et les conditions de travail difficiles menacent l’avenir de cette pratique traditionnelle.

Comme plus de 126 autres producteurs et productrices, Mme Pho Koeun et M. Chhin Chhorn font partie de la coopérative Kampatraco, qui leur permet entre autre, de vendre leur production à un meilleur prix sur le marché du commerce équitable. AVSF et Ethiquable accompagnent Kampatraco depuis 2017. Ensemble, nous travaillons à trouver des solutions au manque de reconnaissance de ces producteurs et productrices, à la pénibilité de leur travail et la faible attractivité de la filière pour les jeunes, qui se tournent de plus en plus vers le travail en usine, pour des revenus encore moindres.

Redonner toute leur place aux producteurs et productrices

L’objectif est de créer une alternative au commerce conventionnel : donner plus de place aux familles productrices au sein de la filière et recréer des liens directs entre acheteurs et producteurs. Avec l’appui du projet, les producteurs ont acquis des compétences suffisantes pour cultiver et transformer des produits agricoles biologiques en vue de les revendre sur des marchés qui proposent des prix plus élevés et stables.

Avec une meilleure rémunération, les familles vivent donc mieux de leur travail et peuvent investir dans des équipements pour améliorer les conditions de récolte et de transformation.

Projet(s)

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Cambodge

Appui aux producteurs de sucre de palme de la coopérative Kampatraco et de riz bio de l’Union des Coopératives Agricoles de Preah Vihear Meanchey pour la certification bio et équitable et la commercialisation de leur production.

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