Membre de la coopérative CAJBC depuis 1992, Marianie Ficien est une pionnière dans la mise en œuvre de pratiques agroécologiques dans le cadre du projet PROCACAO.
Cela fait près de 10 ans que la FECCANO travaille avec la CAJBC dont vous faites partie : comment le projet a-t-il été accueilli au départ ?
Lorsque j’ai accepté de régénérer ma parcelle et de tailler mes cacaoyers, tout le monde pensait que j’étais folle. Mais malgré leurs avis, j’ai tenu bon… et le temps m’a donné raison ! Grâce aux opérations de régénération, le rendement de mes cacaoyers s’est largement amélioré. Mon jardin sert désormais d’exemple : les résultats obtenus ont permis de rassurer les autres cacaoculteurs qui souhaitent maintenant, eux-aussi, bénéficier de ce programme sur leurs parcelles.
Le prix payé par la coopérative, grâce au Commerce Équitable, est-il vraiment intéressant pour vous ?
Oui, mes nouveaux revenus permet de payer les frais de scolarité des enfants et de pouvoir les nourrir correctement, ce qui me soulage. Cette année, nous n’avons pas encore reçu la totalité du paiement parce qu’il y a encore plusieurs tonnes de cacao au niveau de la FECCANO qui n’ont pas encore été expédiées et vendues. Mais je ne m’inquiète pas, nous avons toujours été rémunérés jusqu’ici.
Quels changements observez-vous sur votre parcelle ?
Alors que j’avais des difficultés pour entretenir seule mon jardin, le projet m’a aidé à organiser des combits* pour effectuer le sarclage de ma parcelle. Cela m’a beaucoup aidé. De manière plus large, j’ai remarqué que les pluies se font plus rares dans la région, et beaucoup de cacaoyères doivent faire face à la sécheresse. Celles qui souffrent du manque d’eau voient leur rendement diminuer. Ce n’est pas le cas de mon jardin : contrairement aux autres parcelles cacaoyères non-régénérées que je possède, celle-ci résiste mieux à ce fléau.
* Le combit : un bel exemple de solidarité
En Haïti, le combit est une forme de solidarité existant entre un groupe de personnes décidant de faire ensemble des travaux qu’une seule n’arriverait jamais à faire. Qu’on soit associé ou travailleur, tout le monde travaille chez tout le monde. Il est utilisé pour faire beaucoup de choses : labourer la terre, ramasser les récoltes, construire des routes, des habitations, ou encore soutenir ceux qui font face au décès d’un proche.
Le projet Procacao reçoit l’appui financier du Conseil Départemental des Hauts-de-Seine et de l’Agence française de développement, d’Ethiquable et de Valrhona. Il a également reçu l’appui des fondations hollandaises Doen, Solidaridad et Progreso.