Un groupe de travail dédié
Si l’agroécologie est aujourd’hui dans l’agenda des politiques publiques internationales, le concept fait encore débat. C’est pour nourrir la réflexion et prouver son efficacité que 4 ONG (Agrisud, AVSF, CARI et Gret) ont créé en 2016 le GTAE (Groupe de travail sur les transitions agroécologiques). Une initiative inédite dont l’objectif est de construire un référentiel d’évaluation fiable et objectif pour mesurer les performances de l’agroécologie et les conditions de son développement. Ce travail s’appuie notamment sur la recherche et les expériences menées dans les pays de coopération, grâce au soutien de l’AFD, du FFEM et de la CEDEAO.
En 2017, le GTAE a mené le projet CALAO puis animé un atelier international rassemblant une centaine d’acteurs du secteur afin de co-construire une méthode et des outils communs. Le GTAE publie aujourd’hui les Actes de cet atelier. Les critères d’évaluation sont aussi bien agricoles, environnementaux, économiques et sociaux.
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L’agroécologie : un potentiel considérable pour la production agricole
Plusieurs études ont déjà démontré les bénéfices apportés par l’agroécologie et le projet CALAO renforce ces affirmations. Réalisé au Burkina Faso, Sénégal et Togo, où différents systèmes de production ont été comparés et modélisés, il a permis de mettre en évidence l’effet positif de l’agroécologie sur les rendements et le revenu agricole :
– les revenus par actif ou exploitation familiale sont 2 à 4 fois supérieurs
– les rendements augmentent de +50 % en moyenne
C’est particulièrement le cas pour les exploitations qui intègrent des activités d’agriculture et d’élevage, notamment au Sénégal. CALAO représente une avancée dans l’élaboration d’une méthodologie commune ; cependant, plusieurs aspects doivent être améliorés afin de garantir une bonne articulation entre évaluation socio-économique et évaluation agro-environnementale.
Des critères unifiés pour une meilleure évaluation des effets et impacts de l’agroécologie
Il existe actuellement de multiples méthodes d’évaluation, qui varient en fonction des objectifs, des contextes et des approches. Or, il est avant tout nécessaire de pouvoir comparer des résultats selon des indicateurs identiques, plutôt que de vouloir “homogénéiser” la démarche.
Ces critères et indicateurs devront par conséquent être définis en fonction des éléments qui caractérisent une approche agroécologique :
– les 3 échelles complémentaires : la parcelle, la ferme, le territoire
– les 2 aspects fondamentaux : agro-environnemental et socio-économique
Cette prise en compte des interactions au sein d’une ferme ou d’un territoire à différentes échelles d’analyse demande ainsi de considérer des variables multiples et pluri-disciplinaires. À cela s’ajoute également des critères liés aux « trajectoires de changement » pour analyser l’évolution des pratiques dans le cadre des transitions agroécologiques.
La confrontation des méthodes, de leurs limites et conditions de mise en œuvre lors de l’atelier a débouché sur des premières grilles d’évaluations : les grilles d’analyse des pratiques et des trajectoires de changement
et les grilles d’évaluation des effets socio-économiques et agro-environnementaux des pratiques agroécologiques.
3 variables à prendre en compte
L’atelier a également mis en exergue un certain nombre de recommandations pour une évaluation globale des performances et conditions de développement de l’agroécologie.
Le temps apparaît ainsi comme une donnée importante car différente selon les actions menées. À titre d’exemple, les programmes de recherche s’effectuent sur des temps plus longs que les projets de développement. C’est pourquoi il est nécessaire d’adapter les champs d’évaluation, les critères et les méthodes de mesure en fonction des objectifs de ces différents acteurs.
Les causes liées aux résultats des analyses sont également à prendre en compte. Elles permettent une meilleure compréhension et évaluation des performances globales de l’agroécologie et des processus de transitions.
Les agriculteurs et agricultrices sont à placer au cœur de la démarche d’évaluation. Porteurs d’innovations permanentes mais peu visibles, il est nécessaire pour les chercheurs et praticiens de faire émerger ces pratiques et de les comprendre afin d’enrichir l’évaluation en la reliant à la réalité et aux objectifs des agriculteurs.
L’atelier a ainsi permis de construire une base commune, dont le contenu reste à affiner. Elle doit permettre aux praticiens du développement, d’une part, de mieux évaluer leurs actions et de réaliser des comparaisons de situations issues de différents territoires. D’autre part, elle doit permettre de convaincre les décideurs politiques de la pertinence et de l’efficacité des transitions agroécologiques afin que davantage de moyens soient accordés pour leur développement. Enfin, elle doit aussi permettre d’orienter le conseil à l’exploitation et les démarches d’accompagnement des agriculteurs dans cette transition.
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Écouter les témoignages de participants à l’Atelier du GTAE
Crédit photo : Agrisud